Les vegans cherchent à imposer leur mode de vie

Les faits

Depuis quelques années, nous assistons à une convergence entre des mouvements écologistes et les plus fervents défenseurs de la cause animale, comme la très médiatique association L 214. Souvent ultra-radicaux, ces militants ne sont en réalité que des groupuscules agissant avec la complicité active ou passive de certains journalistes, eux aussi engagés. L’incendie volontaire de l’atelier collectif d’engraissement de la ferme de Saint-Martial sur le plateau des Milles vaches dans la Creuse, le 22 décembre 2016, a été spectaculaire. Cette action est comparable aux destructions de champs d’expérimentation dans des centres de recherches ou de culture en production chez des agriculteurs. Ce sont toujours les mêmes méthodes d’actions que nous avons vu à Sivens, à Notre Dame des Landes et à Bure. Elles visent à contaminer les esprits avec des messages simples de caractère parfois messianiques centrés sur la peur et sur nos habitudes alimentaires. Les actions de ces activistes sont relayées par des voix de scientifiques qui pointent du doigt les dangers de la consommation de viande pour la santé. « Les viandes rouges classées cancérogènes » pouvait on lire en Une du Monde il y a quelques mois (26/10/15).

Décryptage

Cette démarche vise à culpabiliser les consommateurs d’acheter et de consommer de la viande à travers un ensemble de thématiques : conditions d’abattage, logement, transport, impact en CO2 et méthane de la production, OGM, impact sur les pays en voie de développement, eau, conséquences sur la santé humaine… Chacune de ces thématiques mérite d’être analysée et de faire l’objet de débats.

La démarche de culpabilisation est d’autant plus efficace que le petit refrain anxiogène de la crise de vache folle est en arrière fond. Pourtant, l’impact sur la population a été extrêmement faible, en comparaison avec les annonces catastrophiques dans les années 1990. Le dernier bilan établi en janvier 2017 fait état de 223 personnes décédées de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans le monde, dont 177 au Royaume-Uni et 27 en France[1][2].

Comme dans d’autres dossiers alimentaires, des annonces scientifiques sont utilisées pour renforcer la culpabilisation. Exemple : la communication du CIRC (Centre international de recherche sur le Cancer) (26-10-2015) sur le classement de la viande « probablement cancérogène pour l’homme » et les viande transformées (charcuterie) « cancérogène pour l’homme ». Un classement identique voire pire que le désherbant glyphosate.

Consommation individuelle française des viandes (1994 – 2004 – 2014) [i]

Le vrai débat

Le buzz médiatique sur les polémiques liées à la production et à la consommation de viande contribue à l’émergence du phénomène « vegan », du nom de ces adeptes d’un régime alimentaire qui exclut la viande et le poisson, mais aussi tous les produits laitiers, les œufs et le miel. Les « vegans » vont même jusqu’à renoncer aux produits issus des animaux comme le cuir ou la laine. Engagés et militants, les « vegans » cherchent à imposer leur mode de vie à l’ensemble de la société. Ils se sont lancés dans une campagne d’influence de long terme. L’action de ces groupes se mesure par un sondage de l’institut IFOP[3] 60% des personnes interrogées pensent ne pas réduire ou diminuer leur consommation de viande, 14% déclarent envisager de cesser de manger de la viande (26% chez les moins de 25 ans) et 18% envisagent de diminuer leur consommation. Un sondage n’est qu’un instantané à un moment donné, mais il montre  l’influence de ces actions notamment auprès des jeunes. Cette catégorie de population est déjà celle qui achète le moins de viande.

Parlons vrai

Les vegans restent une infime minorité. 97,7% des Français consomment de la viande au moins une fois par an.

L’ANSES[4], dans son rapport sur les préconisations alimentaires recommande de ne pas consommer plus de 500 gr par personne et par semaine de viande rouge, soit 70 g par jour. Notre consommation moyenne en viande rouge est loin d’être excessive puisqu’elle est de l’ordre de 370 g par semaine, inférieure au seuil de l’ANSES.

Mais attention,  une statistique ou un chiffre peut cacher d’autres réalités comme la « mal » nutrition, liée notamment à la réduction du budget alimentation pour des raisons économiques, en particulier pour les populations les plus fragiles et les jeunes : 52 % des pauvres en France sont âgés de moins de 30 ans[5]

Autrefois, gagner sa vie se disait « gagner son bifteck » et la relation des Français à la viande est encore forte. « Gagner son quinoa » va t-il s’imposer, non pas sous la pression de groupuscules mais par l’appauvrissement économique de nos jeunes. ?

 

 

[1] http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/24/un-cas-atypique-de-variant-de-la-maladie-de-creutzfeldt-jakob_5068519_1651302.html#GFW1uiA6fSE8KIBi.99
[2] http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-declaration-obligatoire/Maladie-de-Creutzfeldt-Jakob/Donnees-epidemiologiques
[3] Sondage IFOP réalisé en juin 2016 dans le cadre d’un projet CASDAR intitulé « Acceptabilité des élevages dans la société en France »
[4] http://www.interbev.fr/ressource/avis-de-lanses-lactualisation-reperes-nutritionnels-pnns/
[5] Anatomie de la pauvreté en France http://www.xerficanal-economie.com/emission/Alexandre-Mirlicourtois-AMI-Anatomie-de-la-pauvrete-en-France-5913_3744465.html?utm_source=Mod%E8le%20diffusion%20Xerfi%20Canal&utm_medium=email&utm_campaign=XC210217

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