Système U : hors sujet !

« Sans huile de palme, sans OGM, sans glyphosate, sans aspartame ». Système U se trompe de débat !
La vraie priorité : quels sont les engagements de Système U vis-à-vis des éleveurs. Voilà la vraie question.

Les Faits

La chaine de grande distribution Système U -dirigée par Serge Papin- a lancé en janvier 2017 une campagne publicitaire télévisée et print prônant le « sans » : « sans » OGM, « sans » huile de palme, « sans » glyphosate, « sans » aspartame ! Les substances sont notamment personnifiées par de petits monstres dont il faudrait se débarrasser à tout prix…

Décryptage

Système U, à travers ses publicités, désigne la dangerosité des substances évoquées plus haut. Il s’agit en fait d’une stratégie marketing visant à créer un territoire d’image, facile à construire puisque basé sur la peur. La position de Système U est en réalité très ambigüe. En effet, si le groupe de Serge Papin poussait sa logique jusqu’au bout, il n’y aurait plus grand-chose dans les rayons de ses magasins. Devrait-il retirer toute la charcuterie actuellement en vente puisque d’après le CIRC (mot cliquable vers source), la charcuterie est cancérigène. Devrait-il également arrêter la vente de tous ses téléphones mobiles, ces derniers émettant des ondes ?

Le vrai débat

A travers cette campagne, Système U nous met lui-même sur la voie du vrai débat lorsqu’il annonce le prix de son poulet « nourri sans OGM » à 3,99€ le kilo. Serge Papin ne peut ignorer la controverse sur les conditions d’élevage. Ce dernier ne semble pas prêt à assumer que son poulet n’ait jamais vu ni un rayon de soleil, ni un brin d’herbe au cours de sa vie. Il faut rappeler qu’en France, 50% des volailles consommées sont issues de ce type d’élevage. D’ailleurs, sur ce segment du poulet standard, les filières polonaises et allemandes sont plus compétitives et prennent des parts de marché. Au final, un poulet sur deux est importé.

Parlons clair

Quels engagements Système U peut-il prendre avec ses éleveurs pour arriver à un tel prix ? L’Observatoire des prix et des marges nous donne des indications précieuses. En 2015, le prix du poulet au kilo en grande distribution est de 4€. Selon l’observatoire, la marge est de 1,88€ pour le distributeur (Système U), 0,88€ pour la filière d’abattage/conditionnement, et le reste pour l’éleveur… Ce qui fait 1,23€ seulement de chiffre d’affaires brut pour ce dernier, soit 0,15€ de revenu net pour sa poche.

Ne dénigrons pas les produits comprenant de l’huile de palme issue d’une filière certifiée. De la même manière, ne jetons pas l’anathème sur les poulets qui n’ont pas vu la lumière du jour. Ils demeurent satisfaisants à consommer.

La question n’est pas d’abord celle du « sans huile de palme, sans OGM, sans ceci ou cela » mais celle de la relation avec les éleveurs. Comment Système U travaille-t-il avec eux ? L’enseigne leur permet-elle de vivre décemment ? Quels engagements Serge Papin prend-il pour soutenir la filière volaille ?  Voilà les vraies questions qui intéressent les consommateurs. On attend la réponse.