Qualité de l’eau : l’association Que Choisir perd pied

Il est courant de voir déferler dans le débat public des chiffres qui reviennent régulièrement sans que personne ne se pose la question de leurs pertinences. C’est le cas pour l’eau. Il est d’usage de pointer la pollution de l’eau et d’accuser les pratiques agricoles. Mais en sommes-nous si certain ?

Les faits

L’association de consommateur Que choisir a récemment publié un rapport qui interprète des données publiques sur la qualité de l’eau potable avec un titre choc « 3 millions de français boivent de l’eau polluée ». Toute la presse s’est empressée de titrer ce chiffre, excepté le Figaro qui a cité le chiffre précis de l’étude, soit 2,8 millions.

L’information ne signifie pas que 3 millions de Français ont accès à de l’eau pollué tous les jours. Ce chiffre signifie que durant l’année 2015, pour l’eau distribuée à 2,8 millions de consommateurs, le seuil règlementaire fixé pour les pesticides, les nitrates ou le plomb a été dépassé à des moments précis de l’année et non tout au long de l’année. En réalité, seulement 1800 Français ont subi des restrictions d’utilisation d’eau potable en 2015, soit 0,003% de la population française*.

Complément d’information ici. 

Décryptage

La vraie question à se poser concerne la potentielle dangerosité des substances évoquées. Or, que ce soit pour les nitrates, le plomb ou les pesticides, le seuil fait partie des normes techniques et non des normes de dangers sanitaires. La santé n’est pas mise en danger. Ce chiffre de 3 millions est donc jeté en pâture à des fins politiques, dans le but de nous faire peur. Dire que 96 % des consommateurs peuvent boire leur eau en toute confiance, c’est en effet beaucoup moins vendeur. De même que titrer sur l’évolution positive de cet indicateur ne serait pas très accrocheur.

Quel est l’objectif de Que Choisir en appuyant ce discours ? Faire croire ou imposer 2 fausses idées.

Des sommes considérables sont dépensées pour lutter contre les pollutions agricoles de l’eau ? Pourtant, plus d’un euro sur deux est engagé par les agences de l’eau pour lutter contre les pollutions… domestique.

68% des dépenses constituent des aides à la lutte contre les pollutions dont :
55.8% contre les pollutions domestiques,
5.7% contre les pollutions industrielles
6.5% contre les pollutions agricoles.

Source : http://www.eaufrance.fr/agir-et-participer/financer-et-inciter/agences-et-offices-de-l-eau

L’association tente de nous convaincre que ce ne sont que les « Madame Michu » qui payent pour les affreux agriculteurs pollueurs. Il est vrai que près de 80 % des budgets des agences de l’eau est abondé par une taxe sur chaque contrat d’eau. Sur le contrat de « Madame Michu », mais aussi sur celui de son voisin artisan, restaurateur… et aussi de l’association Que Choisir (qui comme tout le monde, doit avoir des toilettes). Les particuliers ne sont donc pas les seuls à payer pour l’eau, de nombreuses entreprises ne sont pas assujetties à une taxation particulière, comme l’agriculture et certaines industries.

Le vrai débat

Le vrai débat, c’est la bonne gestion de l’eau en quantité et en qualité. C’est également la question de son coût dans le contexte d’un climat plus erratique (conséquence du changement climatique), qui peut provoquer des excédents, donc des inondations et aussi de sécheresse. L’amélioration de la ressource est un chantier complexe qui avance (comme en Bretagne), contrairement à certaines propagandes. Que Choisir ne facilite pas le débat en le tronquant. Oui pour l’eau il faut investir, y compris pour construire des réserves d’eau pour l’agriculture.

Parlons clair

Bref, l’eau du robinet en France est très bonne. A la vôtre !

sources :

http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Dossier_partage/INSTITUTIONNEL/10_eme_programme/redevance/Fiches/pollutions_entreprises_def.pdf

https://www.quechoisir.org/carte-interactive-qualite-eau-n21241/

 

Annexe :

 

Les entreprises dont les activités entrainent un rejet, d’au moins un élément constitutif de la pollution, supérieur au seuil de redevabilité  défini par l’article L.213-10-2 du code de l’environnement. En fonction des éléments que l’entreprise  déclare, l’Agence de l’eau déterminera si elle est au-dessus ou au-dessous de ces seuils. En dessous de ces seuils, les entreprises, en particulier les artisans (garages, charcutiers-traiteurs, autres…) doivent la redevance de pollution domestique. Certaines activités économiques dites « assimilées domestiques » (hôtellerie, camping, commerce de détail, armée, siège social, enseignement…) paient la redevance pollution domestique. Pour ces entreprises voir la fiche « habitants, collectivités et activités assimilées domestiques »

* Dans le rapport publié par le ministère de la santé et des affaires sociales par la Direction générale de la santé / Bureau de la qualité des eaux, publié en décembre 2016, un lecteur attentionné peut noter page 8 qu’en 2015 1800 personnes  environ (soit 0,003 % de la population française) ont été concernées par des restrictions des usages de l’eau pour la boisson et la préparation d’aliments.

Un graphique dans le rapport illustre parfaitement la situation.

En C = 96 % de la population

En NC0= 2,6 % de la population (dépassement de la limite réglementaire (0,1ug/l ) sur une période n’excédant pas 30 jours cumulés sur une année sans jamais dépasser la valeur sanitaire maximale (Vmax). L’eau distribuée ne présente pas de risque sanitaire.

En NC1 = 1,5 % de la population (présence de pesticides à des concentrations supérieures aux limites de qualité (0,1ug/l  sur une période de plus de 30 jours cumulés sur une année sans jamais dépasser la valeur sanitaire maximale (Vmax). L’eau distribuée ne présente pas de risque sanitaire

En NC2 = 0,003 % de la population soit 1800 personnes en 2015 qui ont subit des restriction d’usage

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