Sauver l’école pour sauver le pays

Pascal Perri montre comment l’objectif, présenté comme idéal, d’avoir 80 % d’une classe d’âge dotée du baccalauréat, ainsi que la médiocre rémunération des enseignants, a conduit la France à des catastrophes en chaîne.
Il n’y aura pas de salut économique sans salut scolaire.

Enfants à l'école
« Avec une bonne formation technique, les jeunes accèdent à un emploi valorisé et bien payé. » 

Tout commence par l’école. La grande réforme à conduire d’urgence est celle de notre système scolaire car tout part de là. La France souffre de handicaps structurels mais tous sont de près ou de loin liés aux défaillances de la formation initiale.

Le taux d’emploi des jeunes est faible. L’explication ne tient pas à un défaut d’emplois disponibles mais plutôt au très faible niveau de compétence des candidats. Chez les très jeunes, 18-24 ans, l’indicateur du taux d’emploi s’est amélioré sous le mandat d’Emmanuel Macron grâce au développement de d’apprentissage.

Pendant le Covid, on a carrément donné le baccalauréat…

C’est la preuve qu’avec une bonne formation technique, les jeunes accèdent à un emploi valorisé et bien payé. C’est aussi la démonstration qu’un diplôme de l’enseignement supérieur généraliste au contenu insuffisant conduit souvent à une impasse professionnelle puis à la frustration.

Pour des raisons très politiques, les dirigeants du pays ont épousé l’objectif présenté comme idéal de « conduire 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat ». L’ambition était de monter en compétences. C’est l’inverse qui s’est produit.

Pour y parvenir, en effet, le niveau de l’enseignement et les exigences de contenu ont été revus à la baisse. Les programmes scolaires ont été décharnés comme en mathématiques ou en histoire. Des consignes ont été données aux enseignants de se satisfaire de peu, d’ignorer les innombrables fautes d’orthographe dans les copies, de réduire leurs exigences en termes de restitution des savoirs. L’acmé de ce phénomène d’appauvrissement s’est manifestée pendant la période du Covid-19 au cours de laquelle on a purement et simplement donné le baccalauréat.

L’édifice égalitaire républicain s’est délité

Le statut d’enseignant s’est lui aussi beaucoup dégradé. Le métier est si peu considéré et les fonctions si mal rémunérées que les candidats ont fini par manquer. On s’est satisfait de candidats aux formations trop justes en estimant que la révision à la baisse des exigences d’enseignement pouvait bien se satisfaire de profs moins formés.

Bref, l’édifice républicain qui avait fait le succès de la France du XXe siècle, concouru à son industrialisation, à l’émancipation de ses enfants, cet édifice égalitaire s’est progressivement délité. Toutes les études sérieuses disent que 20 % des élèves qui sortent du primaire ne maîtrisent pas les trois fonctions de base, lire, écrire, compter ! Un chiffre qui va même jusque 40 % si on ne s’intéresse qu’à la lecture ! Comment pouvons-nous espérer rentrer dans le monde des hautes technologies avec de tels handicaps ?

L’abaissement de l’école est un terrible retour en arrière qui condamne l’avenir de générations entières.

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