La Fondation Nicolas Hulot propage un hoax
Les faits
Ce lundi 15 mai 2017, à 13h00, Amandine Lebreton – directrice du pôle scientifique et technique de la fondation Nicolas Hulot – animait un Facebook Live. Son objet : l’agriculture biologique et les alternatives aux produits phytosanitaires.
Madame Lebreton est sortie en 2007 de sa formation à l’ENSAT (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse), et a travaillé uniquement pour la fondation Hulot depuis. Notre spécialiste affirme donc : « comme l’a dit la FAO, l’agriculture biologique et l’agroécologie peuvent nourrir le monde » (voir vidéo). Ceci est une intox !
Décryptage
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture n’a jamais affirmé cela. Les milieux écologistes colportent cette rumeur depuis une dizaine d’années. Le directeur général de la FAO de l’époque, Monsieur Jacques Diouf, s’exprimait sur le sujet le 10 décembre 2007 en rappelant « que la FAO n’avait jamais prétendu qu’il est possible de nourrir toute la planète grâce à l’agriculture biologique. » »
Prenons du recul. Produire en bio n’est pas si simple. Les rendements sont beaucoup plus faibles. Les récoltes plus aléatoires. Les viticulteurs en savent quelque chose lorsqu’ils doivent faire face à de fortes poussées de mildiou ou d’oïdium. C’est pour cela qu’il est aujourd’hui impossible, en France, de nourrir le monde uniquement grâce à l’agriculture biologique. Prenons l’exemple de la fraise en observant ce que souligne Corinne Bouchouchi du Nouvel Obs, dans son article récent « Pourquoi est-ce si difficile de trouver des fraises bio ? ».
Le vrai débat
Madame Bouchouchi a rencontré des producteurs. Non pas en live, mais en vrai ! Ils lui ont expliqué qu’il n’était pas si simple de produire de la fraise en bio. On apprend ainsi que la tendance vers le zéro pesticide ne pouvait conduire qu’à une production sous serre et hors sol.
Or, le label bio n’autorise pas la production hors sol, la seule à pouvoir se passer à 100% de produits chimiques. En effet, pour les fraises cultivées « en pleine terre il est quasiment impossible de lutter contre les attaques ciblant les fraisiers sans recourir à la chimie. La fraise est une plante très fragile qui supporte mal la culture intensive ». Oui produire en quantité en pleine terre nécessite une protection chimique.
A partir de ce constat, pourquoi ne pas labelliser bio le hors sol ? D’autant que cette technique permet une cueillette plus confortable pour les récoltants.
Par ailleurs, la journaliste a interrogé l’agronome Marc Dufumier (membre du conseil scientifique de la Fondation Nicola Hulot) : » Si l’on ne regardait que les résidus de pesticides, le hors-sol serait très bien. Mais les qualités nutritionnelles des fruits ainsi récoltés sont plus faibles. La plante ne prend que les minéraux que l’on trouve dans le substrat », précise-t-il, tout en reconnaissant qu’il faut savoir trancher entre le confort du paysan et l’exigence d’une certification de qualité…
Parlons clair
Les agriculteurs français, dans leur écrasante majorité, sont des professionnels responsables et de haute technicité. Il serait temps de reconnaître que les consommateurs ont accès à une alimentation de qualité à un prix accessible grâce à eux. La production est réalisée dans un très grand respect de l’environnement.
Il serait également temps de s’intéresser aux conditions de vie de nos paysans. Mettre ainsi en balance leur confort et l’exigence d’une certification bio est déplacé. Sortons du faux débat entre un travail harassant qui casse le dos des producteurs et leurs salariés, et l’exigence idéologique du bio.
Choisissons les conditions de travail du producteur. Elles ne sont pas incompatibles avec l’écologie. Mais pour cela il faudrait mettre des bottes et aller dans une exploitation. En vrai et pas en live !